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son compte est écrit et détaillé ; de ce moment, il devient vis-à-vis de l’administration débiteur de la somme notée sur ce bulletin, et il doit en justifier au retour de sa tournée, soit en apportant l’argent qu’il a reçu, soit en rendant les lettres qui le représentaient, si elles ont été refusées par les destinataires. L’opération est terminée ; les facteurs, debout devant leur place respective, attendent le signal du départ. Ils défilent un à un dans un ordre établi d’avance, se rendent dans la cour, montent dans les omnibus qui les attendent, qui les emportent et les déposent au point même où commence leur distribution. Grâce à la régularité des différentes opérations que je viens d’énumérer, une lettre doit être rendue d’un bout de Paris à l’autre dans un laps moyen de quatre heures : trois heures au moins, cinq heures au plus.

Les diverses phases de ce travail se renouvellent sept fois par jour pendant la semaine et cinq fois le dimanche ; mais cette activité remarquable devient littéralement vertigineuse deux fois par jour, le matin à l’arrivée, et le soir au départ des trains de chemin de fer. Lorsqu’on assiste à cette formidable manipulation, on est surpris, non pas que la poste commette par-ci par-là quelque erreur, mais qu’une seule lettre puisse arriver à destination. À cinq heures précises du matin, les employés, les facteurs sont à leur poste ; ils ont devant eux, non plus des paquets, mais des avalanches de lettres, d’imprimés, d’échantillons, représentant non seulement le produit de la dernière levée de Paris et de l’ancienne banlieue, mais tout ce que les départements et l’étranger ont envoyé par les bureaux ambulants. Aussi cette première distribution, dite courrier de province, est la plus considérable ; en outre, elle est la plus importante, puisque c’est par elle en général qu’arrivent les lettres d’affaires ; elle est donc toujours impatiem-