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l’heure de la levée, l’autre qui oblitère l’affranchissement. La précision rapide de ce travail est extraordinaire : dans l’espace d’une minute, calculée à l’aide d’une montre à secondes, un de ces hommes a timbré devant moi, sans se douter que je l’examinais, quatre vingt-sept lettres, et encore je dois ajouter que trois fois il a repris des lettres au tas, qu’on augmentait à chaque instant.

Lorsque toutes les lettres ont reçu leur double cachet, elles sont jetées dans des mannes posées sur de petits chariots en fer qu’on traîne dans une autre salle, salle singulière et dans laquelle je n’ai pu me défendre d’un subit serrement de cœur. Il est triste que le droit et le devoir d’une administration soient de toujours soupçonner ses agents ; mais c’est la première loi des services publics, et il serait cruel d’y manquer. Devant de grands casiers en cristal et par conséquent transparents de toutes parts, surveillés de tous côtés, des employés reçoivent les paniers qui contiennent les lettres. Ils prennent celles-ci et les mettent une à une, après en avoir vérifié l’adresse, dans l’un des onze compartiments qui représentent les onze circonscriptions postales de Paris ; sur une large table voisine, onze corbeilles portant des numéros d’ordre sont disposées au-dessous de onze cordons de sonnette.

Un employé va sans cesse visiter les casiers transparents ; il y prend, par exemple, les lettres appartenant la zone no 3, il les dépose dans le panier no 3, et tire la sonnette placée au-dessus du panier. Cette sonnette correspond à une salle voisine, salle immense où douze tables énormes reçoivent autour d’elles chacune quinze facteurs ; la sonnette a retenti précisément au-dessus de la table no 3 ; deux facteurs se lèvent, vont prendre le panier, le rapportent et le vident sur leur table particulière. Alors commence le travail du piquage ; chaque