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bureaux urbains, on en a choisi onze qu’on appelle techniquement bureaux de passe, destinés à réunir dans leur sein le produit des vingt-cinq autres bureaux, à lui faire subir une trituration sommaire et à le diriger, à des heures réglementaires, sur l’administration centrale de la rue Jean-Jacques-Rousseau. Ce système est la base de toute la division du travail et de la distribution des lettres ; c’est à la fois le point de départ et le point de retour ; en un mot, c’est l’explication de l’énigme, explication sans laquelle il est difficile de se rendre un compte exact de ce mécanisme, à la fois si simple et si compliqué.

Sept fois par jour des facteurs visitent les boîtes dont seuls ils ont la clef ; ils les vident, en rassemblent le contenu qu’ils renferment dans un large sac de cuir clos d’une serrure solide, et vont le porter au bureau qui se trouve dans leur circonscription. Là le sac est vidé sur une table, et des employés spéciaux font un tri préalable ; ils divisent la masse de lettres recueillies en quatre paquets différents ; chacun de ces paquets forme ce qu’on appelle une dépêche. On fait ainsi la dépêche de Paris, la dépêche de la banlieue, la dépêche des départements, la dépêche de l’étranger. Chacune de ces dépêches est ficelée à part et garnie d’une étiquette à gros caractères qui en indique la destination ; puis tous ces paquets, après avoir été désignés sur un registre spécial, sont enfouis dans un sac de toile doublé de cuir, qu’on ferme à l’aide d’une corde, qu’on scelle d’un cachet de cire portant l’empreinte du bureau expéditeur, et auquel on attache un numéro d’ordre qui permet d’en reconnaître immédiatement la provenance. Dès que ce travail est terminé, le sac est déposé dans un tilbury à coffre qui part immédiatement au grand trot et se rend à l’hôtel des postes. À la même heure, les onze tilburys qui ont été relever les dépêches des