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vidées, visitées plusieurs fois par jour. On est effrayé quand on pense à la longueur du chemin que la poste aux lettres fait dans notre pays. Annuellement elle franchit sur les chemins de fer 27 730 000 kilomètres et 51 700 000 sur les routes de grande et de petite vicinalité. Quelque remarquable que soit ce service, il ne pourra que s’améliorer encore par l’ouverture de nouvelles voies ferrées, et bientôt sans doute on arrivera à un parcours de 100 000 000 de kilomètres par an.

Chacun a pu, sur les chemins de fer, remarquer les bureaux ambulants, qui sont véritablement les annexes mobiles de l’administration centrale. Le travail y est incessant ; à chaque station, on reçoit autant de dépêches qu’on en délivre ; il faut recommencer le triage, classer de nouveau toutes les lettres, tous les paquets destinés aux localités desservies par le railway, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on soit parvenu au terme du voyage. Lorsqu’on remonte vers Paris, la même besogne recommence, s’activant au fur et à mesure qu’on approche — besogne fatigante, exigeant une rapidité de main extraordinaire, énervant les plus robustes, et rendue souvent très-pénible par la trépidation d’un train lancé à toute vitesse. La poste ressemble fort au tonneau des Danaïdes ; le labeur y est excessif, et il faut toujours le recommencer. Malgré le dévouement des employés, leur extrême habileté et l’espèce d’ardeur fébrile qui est nécessairement devenue pour eux une seconde nature, c’est tout ce qu’ils peuvent faire que d’accomplir régulièrement la tâche énorme dont ils sont responsables.

Pendant l’année 1867, la poste française a transporté 772 199 426 objets, qui tous ont été réglementairement manipulés par plusieurs agents, et dont beaucoup, tels que les chargements et les mandats d’articles d’argent, ont exigé plusieurs mesures de contrôle et d’enregistre-