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révolution de juillet, et même dans les villes, le service était médiocre et n’avait pu se débarrasser d’un certain esprit de privilège qui travaillait encore les administrations les meilleures ; les lettres n’étaient rendues à domicile que dans les villes dont la population dépassait 4000 habitants, et le facteur exigeait, pour ce service spécial, une surtaxe arbitraire de cinq centimes. 1830 fit disparaître ce dernier abus, qui existait encore en 1860 dans une grande partie de l’Allemagne.

Par notre armée de facteurs nous sommes supérieurs à l’action des postes anglaises ; mais, sous le rapport de l’uniformité des taxes, l’Angleterre nous a donné un excellent exemple que nous avons été bien lents à suivre. Le 10 janvier 1810, elle inaugure sa réforme, que nous tentons vainement d’imiter en 1845. À cette époque, la France postale était divisée en plusieurs zones, qui toutes avaient un tarif particulier. Dans la séance du 7 février 1845, il fut démontré à la Chambre des députés que la zone la plus rapprochée, taxée à 20 centimes, produisait 5 500 000 francs ; et que la plus éloignée, taxée à 1 fr. 20 c, rapportait 90 000 francs. Une telle différence, si concluante en faveur de la réforme postale, ne put cependant pas entraîner la majorité ; la Chambre divisa ses voix en deux parts exactement égales, 170 contre 170 ; la loi fut rejetée. Elle fut reprise sous la République, le projet de décret fut présenté le 26 mai 1848, au nom de la commission exécutive, par M. Eugène Duclerc, et, dans la séance du 24 août, M. Goudchaux, ministre des finances, le fît adopter malgré la vive opposition du citoyen Deslongrais, qui n’entendait à rien et voulait imperturbablement rester fidèle aux vieilles zones et aux anciens tarifs. La loi fut votée à une grande majorité : elle fit une révolution réelle dans le service des postes ; car, par l’abaissement de la taxe, elle amena dans les correspondances une augmentation extraordi-