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L’Empire et la Restauration ne donnèrent point cependant un bien vif essor aux postes ; j’en trouve la preuve en comparant le nombre des bureaux, qui, en 1791, était de 1 419, et en 1829 n’était encore que de 1 799. Une augmentation de 380 bureaux dans l’espace de trente-huit ans est significative, et indique une médiocre sollicitude. Cependant il ne faut point oublier que c’est le gouvernement de Charles X qui institua l’admirable et démocratique service des facteurs ruraux[1]. Dans la discussion qui eut lieu à ce sujet à la Chambre des députés le 13 avril 1829, le baron de Villeneuve apprend à la France étonnée que « 35 587 communes sont dépourvues de relations directes avec la poste ». Il fallait donc se rendre au chef-lieu de canton, souvent même au chef-lieu d’arrondissement, pour retirer ses lettres. Cet usage déplorable n’est pas encore tombé en désuétude dans la libérale Angleterre, qui devrait bien imiter notre excellente organisation du factage rural. Du reste, avant la

    toire exécutif près la ferme des postes ; — 17 décembre 1801, comte de Lavalette, commissaire central des postes ; — 19 mars 1804, comte de Lavalette, directeur général des postes ; — 3 avril 1814, de Bourrienne ; — 13 mai 1814, comte Ferrand ; — mars 1815, comte de Lavalette ; — juillet 1815, comte Beugnot ; — 2 octobre 1815, marquis d’Herbouville — 15 novembre 1816, Dupleix de Mezy ; — 26 décembre 1821, duc de Doudeauville ; — 4 août 1824, marquis de Vaulchier ; — 15 novembre 1828, baron de Villeneuve ; — 2 août 1830, Chardel ; — 6 septembre 1830, Conte, président du conseil des postes ; — 5 janvier 1831, Conte, directeur de l’administration des postes ; — 21 décembre 1844, Conte, directeur général des postes ; — 22 juin 1847, comte Dejean ; — 25 février 1848, Arago (Étienne) ; — 21 décembre 1848, Thayer (Édouard) ; — 27 décembre 1853, Stourm ; — 25 mai 1861, Vandal (Édouard). À ces noms il convient d’ajouter aujourd’hui (janvier 1875) ceux de Rampont-Lechin, 9 septembre 1870, et de Le Libon, 9 août 1873.

  1. Un fait, que je trouve dans la curieuse Correspondance secrète publiée par M. de Lescure, semble prouver que des espèces de facteurs ruraux existaient déjà avant la Révolution. Dans une chasse du roi, le cerf étant à l’eau, « l’un de ces facteurs qui portent les lettres dans les villages s’amusait à ce spectacle ; c’était un enfant de quinze ans qui portait en bandoulière la petite boite décorée d’une fleur de lis. Le roi Louis XVI, ignorant l’usage de cette boite, passe derrière l’enfant, la lui ôte légèrement et la jette dans l’eau. » L’enfant se désespère, on repêche la boite et on donne au petit facteur un écu de six livres.