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fois par semaine, et en 1720 il fallait trois jours pour aller de Paris à Rouen. On allait en coche, par eau, on allait en carrosse, on allait à cheval, on allait à pied, on allait comme on pouvait pour franchir trente lieues, et chaque soir on s’arrêtait pour faire la nuictée dans l’auberge choisie par le conducteur. La façon dont les lettres étaient expédiées à cette époque se reconnaît encore aux noms traditionnels que les chevaux de diligence ont conservés. Le cheval de gauche s’appelle le porteur ; le cheval de droite se nomme le mallier ; le premier était monté par le postillon ; le second, tenu et conduit à la longe, était chargé de la malle où les dépêches étaient enfermées.

Cependant, malgré tant d’améliorations successives, Paris n’avait point de poste particulière ; il communiquait avec la province, avec l’étranger, mais il ne communiquait pas avec lui-même. Les lettres y étaient portées par « les petits laquais », par les commissionnaires ; nulle administration spéciale ne se chargeait de les recevoir et de les distribuer. Si l’on en croit Loret (Gazette rimée, 16 août 1653), un essai fut tenté qui ne réussit pas ; les « boëtes » placées aux carrefours principaux et dans les rues les plus fréquentées n’eurent pas grand succès : on s’amusait à les remplir d’immondices, et même à y fourrer des souris qui rongeaient les lettres. Furetière en parle avec sévérité et menaces dans le Roman bourgeois. Paris attendit jusqu’à la seconde moitié du dix-huitième siècle un établissement régulier pour l’échange de sa correspondance urbaine. L’honneur en appartient à M. de Chamousset, dont « la tête était toujours en effervescence pour le bien de l’humanité », dit l’abbé de Voisenon. D’après le Journal de Barbier, la déclaration du roi est du 8 juillet 1759 ; elle fut enregistré le 17 du même mois. La nouvelle poste devait être inaugurée le 1er août. Mais, de fait, elle ne