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sûreté, ajoutant aussi la remarque que le plénipotentiaire impérial était déjà parti depuis assez longtemps pour que tous les envoyés allemands aient le temps de partir aussi.

Lorsque la légation française se présenta à la porte de la ville, on lui annonça qu’elle ne pouvait pas sortir. Les trois ministres descendirent sur-le-champ, et laissant là leurs voitures avec leurs familles et leur suite, ils se rendirent au château chez le ministre de Mayence. Personne ne pouvait concevoir cette contradiction de l’ordre de partir sous les vingt-quatre heures avec l’obstacle mis à ce départ aux portes de la ville. L’envoyé de Sa Majesté danoise qui, aussitôt après ce nouvel incident, s’était rendu, avec plusieurs autres, chez le ministre de Mayence, en donna, après sa conversation avec le capitaine, une explication qui fut bientôt officiellement confirmée par M. de Munch, secrétaire de la légation, envoyé à cet officier par M. d’Albini. Il annonça qu’on avait oublié, lorsqu’on avait pris possession des portes de la ville et donné l’ordre de ne laisser sortir personne, d’excepter de cet ordre les ministres français. M. de Munch ajouta que cet oubli était réparé, et que les ministres pouvaient sortir sans obstacle. Ceux-ci pensèrent alors qu’il était nécessaire, pour ne pas être arrêtés par les patrouilles qui pouvaient se trouver sur le chemin jusqu’à Plittersdorf, de demander une escorte militaire. Le secrétaire de la légation de Mayence se chargea d’en faire la demande au capitaine, et les envoyés de France allèrent, dans une voiture du margrave, rejoindre les leurs à la porte. Là, ils furent obligés d’attendre longtemps la réponse, qui fut apportée par M. de Harrant, major au service du margrave de Bade. Elle portait que : « Le capitaine ne pouvait point donner d’escorte, parce qu’il n’avait point d’ordre pour cela ; mais que les ministres français ne trouveraient aucun obstacle sur leur route. » À la demande du major de Harrant, si l’on devait entendre par là que les ministres français pouvaient passer de l’autre côté du Rhin en toute sûreté, et si lui, Harrant, pouvait les en assurer, le capitaine avait répondu que oui. Les envoyés français préférèrent donc, après quelques réflexions, partir de suite sans escorte, que retourner au château pour y attendre le point du jour, parti que plusieurs conseillaient de prendre et que les femmes désiraient. Entre neuf et dix heures, les ministres français sortirent enfin de la ville ; la nuit était très-sombre, et l’on portait une torche devant leurs voitures.

À peu près un quart d’heure s’était écoulé lorsque, de divers côtés, arriva la nouvelle que les voitures de la légation française avaient été arrêtées avec violence par des hussards autrichiens, qui avaient donné des coups de sabre aux cochers et au porte-flambeau. La plupart des membres du corps diplomatique se trouvaient, dans ce moment, rassemblés dans un casino. L’envoyé ligurien, Boccardi et son frère, qui étaient dans la dernière voiture et qui s’étaient échappés, y apportèrent la première nouvelle. On décida unanime-