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Ministres,

Vous concevrez facilement que, dans l’enceinte des postes occupés par les troupes impériales, on ne saurait tolérer aucun citoyen français ; en conséquence, vous m’excuserez si je me vois obligé de vous signifier de quitter Rastadt dans les vingt-quatre heures.

« Gernsberg, le 28 avril.

« Signé : Barbatzy. »

Les ministres français résolurent de partir sur-le-champ, et ne purent en être détournés qu’ils ne sauraient arriver au Rhin avant la nuit, et que le passage du fleuve pourrait être dangereux ; ils partirent en effet, le 28, une demi-heure après la réception de la lettre ci-dessus, avec huit voitures, dont la plupart, de même que les chevaux, appartenaient au margrave. Avec l’officier qui avait apporté la lettre, il était arrivé cinquante hussards de Szeklers qui s’étaient postés à la porte d’Ettlingen, et avaient fait occuper de même les autres postes. On apprit bientôt que l’ordre était donné de ne laisser entrer ni sortir aucune personne appartenant au Congrès, et que le capitaine des hussards avait signifié au major Harrant, commandant les troupes de Bade, qu’il exigeait que ses soldats restassent aux portes pour faire connaître aux Autrichiens les personnes appartenant au Congrès ; on ne permit à personne de passer même le pont de communication entre la ville et le faubourg. Le commandant de la ville lui-même ne put obtenir la permission de sortir, quoiqu’il l’eut demandée avec instance lorsqu’il fut instruit des événements subséquents. Le ministre danois avait fixé son départ au même jour, et n’avait attendu que le résultat des démarches faites par la députation touchant les ministres français. Après avoir pris connaissance de la réponse faite par le colonel Barbatzy, il se retira chez lui pour faire les préparatifs de son voyage ; mais sur l’information qu’il reçut en passant près la porte, que personne n’avait la permission de sortir, il traversa le jardin du château vers la chaussée où était posté le capitaine de hussards, et lui demanda s’il ne pouvait pas partir ce soir.

Cet officier répondit qu’il avait l’ordre de ne laisser sortir personne ; mais lorsqu’il lui répliqua que les ministres français avaient été sommés de partir par le colonel, son chef, et qu’ils sortaient dans le moment par la porte de Rheinau, le capitaine repartit qu’il n’avait point l’ordre d’empêcher le départ de la légation française. Le ministre de Sa Majesté danoise lui ayant demandé ensuite s’il lui donnerait une escorte, il dit qu’il n’avait point ordre pour cela, et lorsqu’on lui représenta avec force combien l’honneur de la nation allemande exigeait qu’on prît tous les moyens pour éviter qu’il n’arrivât le moindre désordre au départ de ces ministres, le capitaine répondit qu’il n’avait à pourvoir à rien qu’à sa propre