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que la gare expédie et reçoit, il est parfois tellement énorme que le 2 juin 1867 il s’est élevé au chiffre invraisemblable de 475 ; il faut dire que, ce jour-là, les préposés aux guichets ont délivré 159 742 billets pour la banlieue. Cela prouve que le public s’est familiarisé avec cette façon de voyager ; il y a trente ans cependant bien des gens croyaient faire acte de courage en allant de Paris au Pecq en chemin de fer. Quant au mouvement que les voies ferrées ont imprimé aux habitudes sédentaires des Parisiens, il est facile de le constater. On a calculé qu’en 1836 le va-et-vient annuel entre Paris et Saint-Germain était représenté, en chiffres ronds, par 400 000 personnes se servant de gondoles, de tapissières, de coucous ; en 1863, 3 millions 482 789 voyageurs ont fait le même trajet par le chemin de fer.

Il faudrait un volume pour raconter en détail tous les aménagements divers de la gare de l’Ouest et toutes les opérations qui s’y exécutent à chaque instant, depuis le premier train qui s’éloigne de Paris à 4 h. 50 m. du matin, jusqu’au dernier qui part à minuit 45. Elle n’est pas uniquement consacrée à l’exploitation : elle loge l’administration, la comptabilité, et offre par cela même le double aspect d’une usine en activité et d’un ministère. Chaque destination spéciale a un guichet où l’on délivre des billets, des salles d’attente particulières, un quai réservé pour l’embarquement. De plus, il faut compter les échoppes de libraires, de marchands de journaux, de comestibles, les bureaux de correspondances pour les villes qu’une route et un service d’omnibus relient à une station éloignée, un poste d’agents de police, une boite aux lettres, un bureau télégraphique, des salles différentes de bagages pour le départ et pour l’arrivée, et enfin un bureau de renseignements dont l’employé me paraît l’homme le plus à plaindre du monde, car il doit répondre avec exactitude et résigna-