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Les cochers paraissent pour la plupart n’avoir sur le droit de propriété que des notions peu distinctes et tout à fait insuffisantes. Je ne veux pas dire par là qu’ils détroussent les passants et crochètent les serrures ; non, mais en général ils considèrent volontiers la caisse de leur administration comme une caisse commune, à laquelle il n’est point criminel de puiser de temps en temps. Les calculs les plus modérés estiment que chaque cocher détourne en moyenne trois francs par jour ; or il y a à Paris 6 101 voitures de louage payées à la course ou à l’heure ; les cochers s’attribuent donc par an la somme de 6 680 595 francs ; c’est presque un budget. On a essayé de bien des moyens pour arrêter cette fraude permanente, on a toujours échoué. La préfecture de police, la préfecture de la Seine, la Compagnie générale, ont proposé un prix important pour l’inventeur d’un compteur infaillible qui serait à l’abri du cocher et du client. On n’a point réussi jusqu’à présent. Le problème, en effet, n’est point facile à résoudre. Il faudrait que l’appareil indiquât, d’une façon positive, l’espace parcouru, le temps employé à le parcourir, les moments de repos, la vitesse du cheval et enfin si la voiture a été louée à l’heure ou à la course. On cherche, on fait des essais, mais en admettant qu’on soit, comme on l’a dit, sur le point de découvrir le chef-d’œuvre rêvé, je ne donne pas huit jours aux cochers pour l’avoir rendu aussi menteur que leur feuille de travail. Qui ne se souvient de ces fameux cabriolets compteurs dont le cadran indicateur passait pour une merveille ? Ils n’ont pas duré deux mois. Pour contrôler la probité des cochers, la préfecture de police et la Compagnie générale ont imaginé divers moyens qui approchent du but, mais ne l’atteignent pas.

À chacune des cent cinquante-huit places disséminées dans Paris, un surveillant est attaché ; de cinq minutes