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teté et qu’on mit son portrait dans les nouvelles voitures pour les protéger contre les accidents ? Je ne sais, mais ce nom, qui n’a aucune raison d’être apparente, a prévalu malgré tous les efforts qu’on a faits à diverses reprises pour le changer en celui d’urbaines ou de lutéciennes[1].

Il faut croire que la spéculation n’était pas mauvaise, car immédiatement les personnages qui avaient l’oreille des ministres ou du roi sollicitèrent et obtinrent de nouveaux privilèges. Les voitures augmentèrent dans une proportion telle, qu’une ordonnance de 1703 en prescrivit le numérotage, afin qu’il fût facile de les reconnaître et de désigner au lieutenant de police les cochers dont on avait à se plaindre. Dés 1688, un règlement avait décidé quelles stations les fiacres devaient occuper, et une ordonnance du 20 janvier 1696 avait fixé le tarif : 25 sous pour la première heure et 20 sous pour les suivantes. L’ordonnance ne fut guère exécutée ; les cochers élevèrent peu à peu leurs prétentions et leurs prix : ils exigeaient 3 francs pour une heure, 50 et même 60 livres par journée de remise ; en 1720, l’abus était devenu tellement intolérable qu’un arrêt du conseil d’État, en date du 12 février, le fit cesser et fixa un tarif qui fut respecté, car plus de cinquante ans après Mercier disait : « Vous avez un équipage, des chevaux et un cocher, fouet et bride en main pour trente sols par heure. » En 1753, il existe à Paris 28 places de fiacres et 60 entrepreneurs de carrosses de remise possédant environ 170 voitures[2].

  1. Sarrasin, dans une lettre envoyée en mai 1648 à Ménage, pour lui décrire l’enterrement de Voiture, raconte en plaisantant : « Comme Velturius entreprit la conduite de la reyne de Sarmalie jusqu’au chasteau des Péronelles (Péronne), et comme Lionnelle (mademoiselle Paule) l’y suivit dans le char de l’enchanteur Fiacron. » Œuvres de Sarrasin, édit. de 1685, t. II, p. 19.
  2. Le passage suivant du Journal de Barbier (mai 1723) indique quelles pouvaient être, au siècle dernier, les relations entre le public et les co-