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quelles idées animaient le gouvernement à cet égard.

L’exemple avait été donné par l’Allemagne ; la ville libre de Brème reconnut au public, pour la première fois en Europe, le droit de faire usage du télégraphe, et, au mois de janvier 1847, la ligne reliant la ville et le port fut ouverte aux correspondances particulières. La même année, au mois de juillet, M. Oscar de la Fayette éleva la voix à la tribune pour demander que la nation fût enfin admise à jouir du bénéfice des transmissions rapides. M. Lacave-Laplagne répondit, au nom du ministère, que le télégraphe était et devait rester un instrument politique. Il n’en fut reparlé que deux ans plus tard. Dans la séance du 3 avril 1849, M. Marchal interpella M. Léon Faucher et lui demanda pourquoi la France était tenue en chartre close quant à la télégraphie, tandis que l’Angleterre, l’Amérique et la Belgique en usaient sans réserve comme sans danger. M. Léon Faucher, — qui dit un jour à Petin, l’inventeur d’un système d’aérostation : « Nous avons déjà bien assez des chemins de fer, » — n’était pas homme à abandonner un monopole ; sa réponse le démontra clairement. Cependant les journaux réclamaient, l’opinion se formait peu à peu ; les vieux motifs de la raison d’État ne tenaient plus devant les besoins nouveaux ; on n’était pas encore au port, mais du moins on l’entrevoyait. Le 8 février 1850, à propos d’un crédit important demandé pour la construction de nouvelles lignes télégraphiques[1], M. Hovyn-Tranchére demanda nettement l’établissement immédiat de la télégraphie privée. M. Ferdinand Barrot, ministre de l’intérieur, répondit que le conseil d’État venait d’être saisi d’un projet de loi sur ce sujet, et, le 1er mars suivant, il en donna lecture à la Chambre. M. Le Verrier, nommé rapporteur

  1. Ces lignes devaient mettre Paris en relation directe avec Angers, Tonnerre, le Havre, Châlons-sur-Marne, Nevers, Châteauroux et Dunkerque.