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manda à la mort la fin de ses souffrances. Ce n’était pas l’heure pour lui cependant, car la ligne de Paris à Milan par Lyon et Turin allait être mise en activité. Le 23 janvier 1805, au matin, on le chercha vainement dans ses bureaux ; on ne le découvrit que plus tard, dans la journée, au fond d’un puits qui alimentait le jardin de l’hôtel ; avant de s’y précipiter il s’était coupé la gorge avec un rasoir.

L’importance du télégraphe était trop connue pour qu’on n’en étendit pas l’usage. Les frères de Chappe lui succédèrent. L’Empire, la Restauration, le gouvernement de Juillet augmentèrent les lignes, les poussèrent jusqu’à nos frontières et firent un réseau qui nous mettait en communication avec les pays voisins. Le siège de l’administration était toujours situé rue de l’Université, dans un hôtel d’un accès facile et qui aisément pouvait être enlevé d’un coup de main. C’était là une vive préoccupation pour le gouvernement. Sous les Bourbons et sous Louis-Philippe les émeutes n’étaient point rares à Paris ; tout y servait de prétexte, les revues, les enterrements, les changements de ministère, les discussions des chambres ; le pays vivait et affirmait sa vie d’une façon parfois trop bruyante. Dès que l’on avait cassé quelques réverbères ou entonné la Marseillaise, le pouvoir, ainsi que l’on disait alors, pensait aux télégraphes, et l’hôtel Villeroy était occupé par la troupe, qui en cernait l’enceinte, remplissait les cours et bloquait la place de façon à la rendre inaccessible aux émeutiers. Les employés, gardés comme des prisonniers d’État, ne pouvaient sortir, couchaient dans leurs bureaux, nourris on ne sait comme, et ne recouvraient la liberté que lorsque l’ordre était rétabli.

Il n’était point facile de les intimider cependant ; au mois de juillet 1830, le directeur général, Chappe-Chaumont, refusa obstinément au gouvernement pro-