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Cette proposition est décrétée sur-le-champ. — Cambon : « Je demande que ce décret soit envoyé à Nord-Libre par la voie du télégraphe. » Cette proposition est adoptée. Vers la fin de la séance, le président lut la lettre suivante, que Claude Chappe venait de lui adresser : « Je t’annonce que les décrets de la Convention nationale qui annoncent le changement du nom de Condé en celui de Nord-Libre, et celui qui déclare que l’armée du Nord ne cesse de bien mériter de la patrie, sont transmis. J’en ai reçu le signal par le télégraphe. J’ai chargé mon préposé à Lille de faire passer ces décrets à Nord-Libre par un courrier extraordinaire[1]. » Si l’on se reporte à l’époque où ces faits sans précédents se produisaient, on comprendra facilement quel enthousiasme ils excitèrent en France et quelle curiosité jalouse ils firent naître dans toute l’Europe.

L’appareil qui venait de donner une telle preuve de puissance et de rapidité était d’une simplicité extrême ; il est inconcevable que le monde ait attendu prés de six mille ans avant de l’inventer. Il se composait de trois pièces : la première, nommée régulateur, était un rectangle allongé de 15 pouces de largeur sur 14 pieds de long. Au centre, il était traversé par un axe sur lequel il pouvait facilement se mouvoir. À chaque extrémité du régulateur était fixée une autre pièce mobile longue de 6 pieds, qu’on appelait indicateur. Ces trois pièces composaient la partie visible du télégraphe. Les indicateurs, terminés par une queue de fer alourdie d’un plomb qui leur servait de contre-poids, pouvaient décrire un cercle. Cet assemblage était élevé à plus de 14 pieds au-dessus de la toiture du poste, afin que dans le plus grand développement les gestes du télégraphe restassent toujours distincts et isolés des surfaces voisines. L’appareil

  1. Moniteur universel, no 345, 346. — 1794.