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cette déclaration ministérielle que les premiers vaisseaux firent voile pour Québec : les nouvelle de cette ville viennent de nous parvenir ; mais elle sont bien éloignées de nous annoncer le départ de ce gouverneur. La venue de son député dépose évidemment en faveur de sa continuation de résidence dans la colonie. Ce calcul simple n’est point, milord, une irruption, une attaque contre la véracité de votre seigneurie : non ; sans doute que quelque mystère d’État, caché et d’incident, justifie dans le fond la gloire de votre probité : mais cette justification, sur qui je ne m’avise pas de former le moindre doute, n’est est pas un pronostic moins certain de délais ; et ces délais ne peuvent être que les avant-coureurs de ma perte. Comment me soutenir longtemps dans cette capitale sans des ressources en main qui soient suffisantes pour amener, à point nommé de Québec, un nombre de témoins, que le triomphe de ma cause appelle nécessairement dans les cours de judicature de Londres ?

Eh mais ! serait-ce un complot forgé de cabale pour sauver le coupable par la destruction, préliminaire et anticipée, de l’innocent déjà tant opprimé ? Était-ce donc là cette lente, cette frauduleuse justice, ou plutôt ce déni de justice, que nous avaient promis la capitulation jurée à Montréal, en septembre 1760, le Traité de Fontainebleau de février 1763 et la Proclamation de Sa Majesté en octobre 1763, l’Acte solennel du parlement