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ecclésiastiques, sont venues frapper, de toute part, à la porte du conseil pour y être ad-

    vince l’excellent privilège de la Loi de l’ habeas corpus : l’on fait attention à quelques bruits et l’on ne doute plus qu’il y a une motion tendant à en priver les communautés. Je pourrais donner plusieurs raisons ; je me contenterai de donner les suivantes. — 1°. L’on a entendu souvent notre sage gouverneur plaindre les personnes religieuses sur l’esclavage de leurs voeux. C’est donc entrer dans les vues du gouvernement que de leur procurer tout le bénéfice de l’ habeas corpus, d’ailleurs ; et indépendamment de cette raison, cela est injuste. Vit-on jamais le gouvernement britannique force les individus sur ce chapitre ? La liberté pleine et entière ne fut-elle pas toujours la fin qu’il se proposait ? Ne la regarda-t-il pas toujours comme le privilège le plus précieux dont il était lui-même le sage dépositaire ? C’est au nom de ce sage gouvernement que je requiers qu’on prenne en considération l’observation que je présente. — 2°. L’intérêt du conseil même concourt heureusement avec celui du peuple à ce que cette restriction n’ait pas lieu ; car il n’importe pas moins au conseil d’assurer au peuple la liberté qu’au peuple lui-même qu’elle lui soit assurée. Voici en deux mots mon raisonnement : la liberté n’est assurée au peuple qu’en vertu de la Loi de l’ habeas corpus ; Le roi l’accorde et c’est après les délibérations de son parlement ; aussi il faut qu’elle ait lieu. Or cette exception l’infirme dans un point si essentiel qu’elle tombe par elle-même ; car l’on aura été contre ou au-delà des intentions du gouvernement ; elle sera donc vaine, sans force et illusoire. Pour y remédier, il suffirait de passer la loi sans aucune restriction. Votre sagesse déjà connue à la province remarquera que c’est au roi à faire les observations que lui dicteront sa sagesse, sa prudence et son amour paternel pour son peuple. — 3°. Si je consulte les intérêts, (non pas ceux de la religion qui doivent faire peu dans cette matière, mais ceux de leurs personnes et de leur caractère, comme composés