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(je les renomme ici avec une indignation toute de patriotisme, M. Mabane et M. Fraser) ont absolument juré de perdre la colonie ; pour clouer irrévocablement sur leurs têtes une douzaine de places que leurs souplesse a su y entasser, leur prédominante ambition sacrifierait dix provinces de Québec. Je souhaite de cœur que l’Angleterre n’ait pas un jour à verser des larmes de sang sur l’ostension et l’exaltation surtout de pareils sujets dans une conquête.

En effet, dans tous les empires chrétiens, le clergé constitue le premier corps de l’État ; le condamner à un esclavage perpétuel, n’était-ce pas pressentir l’esclavage du reste de la province, dont on commençait par asservir les têtes ? Le Canada d’ailleurs n’est qu’une conquête dévouée à la profession d’une religion contrastante avec celle des conquérants ; se réserver, par législation expresse, le droit positif d’en enlever à caprice et sans formalité judicielle, les ministres, seuls faits par état pour en perpétuer le règne, par leurs leçons, n’était-ce pas faire entrevoir et lire, dans les intentions du législateur, une volonté décidée quoique sourde d’en saper un jour l’existence par les premiers fondement ? En aurait-il tant fallu, il y a un siècle, pour susciter les calamités d’une guerre civile-religieuse ? Quelles imprécations, quelles malédictions ne doivent donc pas être fulminées contre de perfides citoyens qui, par une prostitution de la