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plus temps de vous aveugler, Messieurs ; c’est toute votre postérité, qu’il est question aujourd’hui de défendre, et de sauver. Le gouvernement a aujourd’hui dans les mains l’arrangement de la province de Québec[1] ; il faudrait des siècles pour le ramener d’une erreur de législation qui lui échapperait contre l’économie de vos intérêts et de vos droits ; et comment ne pas trembler sur l’existence future d’un si triste évènement, puisque tant de voix mensongères conjurent de toutes parts, pour égarer sa justice, en surprenant sa bonne foi ! Il n’y a que vous en corps,

  1. Voici l’extrait du Courrier de l’Europe du vendredi 25 juin 1784, sur l’article intitulé Bulletin de Londres :
    « On parle de diviser le Canada en deux gouvernements, ainsi que l’on a divisé la Nouvelle-Écosse, et d’avoir un Gouverneur Général pour les deux provinces ; c’est le Lord Grantham, qui est le président du comité chargé de préparer les règlements nécessaires aux établissements qui restent à l’Angleterre sur le continent américain. M. Pitt, lord Sidney, M. Jenkinson et M. Dundas sont les autres conseillers d’État qui sont de ce comité.»
    Je ne suis ici que copiste ; car si j’étais commentateur politique, j’aurais de grande remarques d’État à proposer contre cette division de gouvernement, qui, si elle était jamais réalisée, commencerait par doubler les emplois, et pourrait bien finir par diviser tous les esprits de la province. La simplicité est la mère de l’économie, et le premier symbole de la paix.
    La réflexion suivante va présenter le contraste dans toute sa latitude : avant la dernière guerre, on avait jugé de convenance d’étendre la province de Québec jusqu’au Mississipi ; aujourd’hui que le traité de paix l’a rétrécie de moitié, on la diviserait en deux ! inconséquence, qui ne devient conséquente que pour faire de nouvelles créatures au gouverneur, & en charger l’État.