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ils faire à M. du Calvet, en compensation de la prospérité domestique dont il jouissait chez lui ? Aussi tint-il, durant tous les troubles de la guerre, cette ligne de conduite loyale qui sieait bien à un homme dont la destinée était attachée à la destinée de la cause de son roi et qui ne pouvait que perdre de la voir échouer. Une fidélité si décidée n’annonçait pas la catastrophe destructive qui l’attendait.

Le règne de la paix était presque rétabli dans le Canada : M. du Calvet y goûtait dans le sein de sa famille les fruits de la tranquillité publique, lorsque, le 27 de septembre de l’année 1780, il se vit tout à coup arrêté par le capitaine Laws, du 84e régiment, dépouillé pendant le jour de ses papiers et la nuit de son argent, qui par parenthèse a toujours été retenu comme de bonne prise, traduit sous une escorte à Québec et de là traîné de violence à bord du Canceaux, vaisseau armé en guerre alors à l’ancre dans la rade : on commença dans cette prison marine par arracher de la cabane qui lui était destinée tout l’appareil qui y formait auparavant un lit raisonnable pour un humain ; et on lui assigna d’autre couche pour reposer que le plancher nu du navire même, sous un climat où l’automne égale, surpasse même quelquefois, la rigueur de nos plus sévères hivers d’Europe. M. du Calvet prit d’abord cette soustraction subite pour un acte d’économie matelote qui voulait faire grâce à ses effets : il offrit donc à se pourvoir, de ses deniers, d’un équipage complet de nuit ; mais