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têtes un gouverneur juste, humain, et vertueux, qui mette sa gloire à essuyer vos pleurs, et à faire renaître parmi vous le règne de la sérénité, de la sécurité, de la paix ; mais votre bonheur ne serait que le don gratuit de la condescension ministérielle, et des dispositions naturelles de l’honnête et aimable despote qui vous gouvernait ; les ministres pourraient revenir de leur bonne volonté, reprendre leurs bienfaits, et vous replonger dans vos anciens malheurs ; mais le bonheur de tout un peuple doit être assis sur des fondements plus fermes et plus durables.

Le fameux fondateur de la confraternité de Pennsylvanie (M. Penn) a placé au frontispice de son code législatif, que « ce sont les hommes bons, qui font les bonnes lois, et qu’il ne faut à tout un peuple que de bons administrateurs, pour les rendre heureux » : il avait raison ; mais avant que d’ériger un axiome si raisonnable en règle unique de législation pour un pays, il faudrait trouver un point fixe, pour se répondre à perpétuité de la vertu des conducteurs publics. Sans doute, que ce chef enthousiaste des trembleurs, saisi et agité de l’esprit[1], lisait dans les cœurs des ses présents et futurs sectateurs mais moi, qui ne prétends pas à la gloire

  1. Dans les églises quacres, on appelle esprit, ce qu’on qualifie ailleurs d’inspiration divine.