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dans l’ordre national et civil ; c’est ainsi que bien de nos meilleurs sujets, bien de nos plus respectables familles ont déserté, et désertent, et déserteront successivement du Canada, dont elles pourraient faire aujourd’hui un des plus beaux ornements.

Par quelle fatalité, une nation célèbre dans l’univers par l’esprit de sagesse et de rectitude constitutionnelles qui la gouvernent, s’obstine-t-elle, depuis 24 ans, à condamner à l’exhérédation civile, et à une servitude nationale, tout un peuple à elle parce que les sectateurs de la religion qu’il professe, mais auxquels il ne tien par aucun titre, ni naturel ni civil, se déshonorèrent jadis, par des crimes d’État contre elle ? Mais l’équilibre naturelle, la justice judicielle de l’univers, les lois des nations, le droit des gens, les décrets du contrat social, tout réclame contre la punition des innocents. La législature anglaise, ni dans la teneur, ni dans l’esprit de ses lois pénales, n’a pu envelopper que les coupables, ou leurs descendants qui seuls ressortissaient à sa juridiction, ou réellement ou virtuellement par représentation ; mais des étrangers, qui n’étaient pas alors justiciables, qu’elle ne pouvait prévoir devoir être un jour unis à l’État, qui ne devaient enfin relever de cet État, sous aucun aspect coupable, ah ! il n’y a que l’aveuglement qui ait pu les confondre dans la peine : mais l’Angleterre est