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Voici l’histoire succincte des événements antérieurs qui font naître l’occasion de la publication de ces lettres.

M. du Calvet tient un rang de considération dans la classe des principaux de Montréal. Après la conquête du Canada, il fut chargé par le général Murray d’une importante négociation pour ramener dans le sein de leur terre natale, les Acadiens fugitifs et dispersés. Le succès ayant pleinement justifié cette confiance publique, il fut élevé à la dignité de juge de paix, magistrature qu’il exerça pendant un long cours d’années sans jamais accepter d’autre salaire que la gloire de juger ses concitoyens, ou plutôt de les réconcilier l’un à l’autre ; il ne crut pas acheter trop cher cet honneur que de le payer au prix d’un clerc d’office à ses gages. Sous quelque appareil que l’indigence s’offrit à lui, jamais elle n’éprouva de sa part ni des oreilles sourdes ni un cœur rétréci dans ses dons, que la générosité et l’humanité dispensèrent de ses mains. Une bienveillance si publique compta peu d’imitateurs ; mais en revanche, elle fit bien des jaloux. L’envie, irritée d’une vertu qui l’offusquait en la condamnant, déchargea son venin contre la personne de M. du Calvet ; de prédilection exclusive, on le surchargea de logements de gens de guerre, souvent