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qui toujours libres y sont délivrés pour rien : les candidats n’ayant, de constitution, rien à offrir, les électeurs, animés aussi d’un si noble esprit, n’ont ni d’inclinaison, ni de fait, rien à accepter ; et de 548 membres qui siègent au nom des diverses divisions électorales de l’Angleterre, pas un sénateur qui ait déboursé un sou pour sa place sénatoriale. Quel prodige d’honnêteté ! Le nom de M. Grenville, auteur d’une si illustre, si générale et si vertueuse révolution dans les cœurs, mérite d’être inscrit avec une distinction et une gloire spéciale, dans les fastes des apôtres, les plus fameux convertisseurs de l’univers. Quoi qu’il en soit, si à douze cents lieues de l’Angleterre ce fameux bill de M. Greenville, sur l’incorruptibilité des élections, pouvait, sur une longue route, perdre un peu de son énergie, des milliers de ces candidats si avares en Angleterre, dans les jours de leurs élections, seraient furieusement tentés de vous délier, à pleine dégaine, leurs bourses bien garnies, pour acheter à tout prix l’honneur de vos suffrages ; mais née au milieu des bourrasques et des tempêtes, la vertu anglaise sait se soutenir dans le passage des mers. Au moins vos élections ne vous coûteraient rien qu’un peu de temps, perdu d’abord peut-être, mais qui produirait bientôt avec usure ; cas ces candidats heureux, honorés de votre choix, et devenus, à titre d’élus, vos représentants, seraient érigés par la reconnaissance et l’honneur, en autant de protecteurs publics et d’amis, qui, éclairés par vos instructions, se feraient un point de gloire personnelle et nationale, d’épouser,