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autant pour le soulagement de l’État que pour le vôtre.


Et ces corvées, ah ! pensez-vous qu’une assemblée vigilante et humaine les laisserait subsister sur le plan despotique d’aujourd’hui, c’est-à-dire, sans besoins réels, sans choix, sans mesure, sans indemnité raisonnable surtout, et sans suffisante compensation, à la ruine de tant d’infortunés agriculteurs ? Mais je reviens au principe dont je suis parti, parce qu’il est décisif et sans appel : la souveraineté de l’État, c’est-à-dire, la justice primitive et en chef de la colonie, réside dans le sein de l’Angleterre ; c’est à ce tribunal de suprématie que ressortissent de droit tous les litiges entre le gouverneur et les sujets : il n’est qu’un corps public, tel qu’une assemblée de province, qui soit toujours en passe continuelle de franchir sans obstacle, avec succès, et à point nommé, la distance qui sépare la province de ce suprême tribunal ; c’est cependant de ce passage heureusement franchi, que doit rejaillir la vengeance et le salut des individus opprimés de la province : il faut donc, ou donner les mains à l’oppression perpétuelle de ces malheureux individus, ou susciter en leur faveur ce corps des protecteurs publics, qui seul peut avoir les mains assez longues pour aller puiser si loin, et en appeler victorieusement le remède. Vous êtes sages, Messieurs, la solidité de ces réflexions n’a pu échapper à vos lumières ; mais c’est que la nature du corps