Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée
[   201   ]


libres, si une économie trop avare venait jamais à vous resserrer dans l’acquisition du reste de vos prérogatives citoyennes. Vos fortunes fleuriraient à l’ombre de la sécurité sous la sauvegarde de la protection intègre de vos pairs ; vos personnes ne seraient plus amenables qu’aux tribunaux de judicature, au nom de la seule loi qui pourrait vous y appeler ; la puissance du gouverneur serait élaguée des branches les plus voraces de son théorique despotisme : il est vrai qu’il lui en resterait encore assez pour se déployer et s’évertuer ; il n’y a que la responsabilité de sa personne aux lois de la province, qui puisse, sinon couronner de tout point, du moins avancer bien la sûreté de votre émancipation nationale. Eh, quoi ! Un roi d’Angleterre ne sera à Londres que le premier sujet de la loi, et cette subordination est le plus beau fleuron de sa couronne et le plus brillant apanage de sa gloire ! Tous les gouverneurs des colonies anglaises relèveront, en redevables ordinaires, comme simples sujets, des lois respectives de leurs provinces ; un gouverneur de la Jamaïque aura vu depuis peu ses biens décrétés, saisis, exploités et mis à l’enchère, en vertu d’une sentence de la judicature de la colonie, qui le condamnait ; le gouverneur de Québec, dans toute l’étendue de l’empire britannique, sera investi du droit de fouler aux pieds ces lois, qui nous lient tous, tandis qu’en être privilégié, et au-dessus du reste des hommes, sa personne seule en est dégagée ! Mais c’est donc

D d