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dimand a montré son effroyable autorité, je ne serais point surpris d’apprendre, que ce monument de ma justification a été proscrit, comme un libelle séditieux contre l’État, et la lecture interdite sous les plus foudroyants anathèmes. Sous une [1]restrainte si rigide, et si accablante, que reste-t-il à la voix étouffée des opprimés ? Pourrait-elle forcer son chemin, jusques aux oreilles un peu dures des ministres, et d’ailleurs bien peu jalouses de l’instruction ? car, après tout, deux députa-

  1. M. Chesnay déplorait, en ces termes, les effets de cette restrainte, dans une lettre imprimée dans mon mémoire, page 264 ; la voici.
    « Monsieur,
    « On ne peut que vous louer du parti que vous prenez : je vous souhaite toutes sortes de prospérités. J’ai connaissance des démarches des citoyens de Montréal. Mais quelle pitié, que celles qu’on fait à Québec ! Une grande partie sont de véritables moutons ; que ne savent que tendre le col, et ne croire le mal que quand ils le sentent ; et une autre partie est prête à tout sacrifier à leurs propres intérêts. — Votre affaire regarde tous les individus quelconques de cette province, pour si peu que l’on veuille réfléchir ; car qui est celui qui peut se dire en sûreté chez lui, après avoir vu de ses propres yeux tout ce que l’on vous a fait souffrir de la manière la plus idéale, sans qu’il vous ait été permis d’obtenir, jusqu’à ce jour, aucune justice ? J’espère cependant, que vous obtiendrez justice à Londres. Ou bien, si on ne vous la rend point, on nous regarde tous comme des esclaves ; car le mal-traitement que vous avez reçu, rejaillit sur la province en général. Voilà comme toutes les honnêtes gens doivent l’envisager, etc.»
    (Signé)
    Juchereau du Chesnay.

    La lettre suivante atteste encore jusqu’à quel point il est dangereux d’être soupçonné.