Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/193

Cette page n’a pas encore été corrigée
[   169   ]


droits de la nature, l’époux appela de la sentence, et il ne s’écarta pas un seul moment de ses foyers domestiques, où du moins la moitié de lui-même le captivait par devoir. À la nouvelle de cette contravention, la judicature, en alarmes, l’assigna de comparaître à la cour ; il produisit avec lui son unique témoin, sa femme, qui par sa pitoyable présence plaidait éloquemment la cause de l’accusé ; mais elle plaida mal, du moins elle perdit son procès à la cour : car il y fut condamné à l’amende ; condamnation, il est vrai, de pure parade, et seulement de forme publique, publiquement prononcée par respect prétendu pour la loi ; car le condamné fut sous main absous du paiement. Stupides juges ! pour faire respecter la loi, ils la déclarèrent, par un jugement solennel, une homicide de droit, une assassine d’autorité : n’était-ce pas la déshonorer dans son essence ? La gloire première d’une loi civile, n’est elle pas sa vertu civile, c’est-à-dire, sa tendance au bonheur public ? Peut-on prêter à un législateur, et surtout un législateur de police, l’intention de massacrer les sujets par leur législation municipale ? S’il pouvait être animé de vues si sinistres, ce serait lui qui mériterait non pas d’être mis à l’amende, mais cloué à la plus cruelle des croix : c’était le capitaine de milice, qu’il fallait amender pour son ordre mal réfléchi, et barbare dans son irréflexion ; l’honneur de la loi aurait été mieux vengé par la punition du seul coupable : et d’ailleurs, ou-

Z