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& aux conclusions qu’il avait délivrées aux jurés par l’organe de M. Williams, devenu alors son collègue, comme juge commissaire et orateur véhément contre ma personne, à la surprise générale de l’audience et de tout le barreau réuni : au fond, M. Mabane n’était ici que simple accessoire à la honte de ses collègues ; il s’érigea en général de la vengeance. Quelques jours après la décision, M. MacGill, négociant respectable et commissaire de paix, s’élevait dans une conversation contre l’iniquité des juges, qui m’avaient suscité ce procès. M. Mabane s’écria avec audace, « J’aviserai bientôt des moyens de réduire ce réfractaire à la judicature, et de le claquemurer, pour le reste de ses jours, dans l’obscurité d’une prison. » Les plus superbes potentats tempèrent, aux yeux des peuples, l’annonce de leur autorité par ces expressions modifiées, « Nous aviserons » : pour un échappé, un adjoint d’Esculape, un chirurgien de garnison, de la naissance la plus vulgaire, ce n’était pas assez que du langage politique et poli des rois : « J’aviserai ; », voilà son terme : l’insolence de ce favori peint ici, d’un seul trait, sous toutes ses faces, le despotisme général qui taille, tranche et sabre tout dans la province. Quelle indignité, quel outrage à tout un peuple ! mais le comble de l’indignité et de l’insulte publique est que ce nouveau despote, à lancette au lieu de sceptre, ait été en passe de réaliser ses insolentes menaces : car il s’avisa si bien, qu’entre l’annonce et l’éclat