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d’avance. Quant à ces âmes vulgaires, chez qui la politique ou l’intérêt décident de l’équité ou de l’injustice, de l’amitié ou de la haine, ma cause n’a rien à espérer d’eux, ni rien à en craindre : elle n’a besoin que des services nobles et francs de la pure vertu, elle dédaigne de tout le reste. Voilà ma justification générale, pour toutes les animadversions de cette nature ; la droiture ne peut manquer d’y souscrire de son approbation ; c’en est assez pour moi. Je reviens à ma narration, ou je ne ferai désormais qu’effleurer les évènements, sur qui l’expérience des yeux vous a suffisamment instruits.

La guerre ouverte que la passion du juge Fraser m’avait intentée, ne finit pas à notre bataille, ou plutôt à sa défaite ; elle prolongea encore longtemps ses fureurs ; le 30 d’octobre de cette même année, 1771, j’étais à souper chez moi, dans la compagnie de quelques amis quand une grosse pierre, lancée avec impétuosité contre la porte vitrée de l’entrée de ma maison, brisant la glace, fracassant le barreau et perçant les volets de toile, vint tomber aux pieds des convives. À ce fracas je volai à la découverte des assaillants ; mais à peine eus-je entrouvert la porte que je fus salué d’une décharge de pistolet ou de quelque autre arme-à-feu dont la balle, sifflant à mes oreilles et glissant le long de ma personne, alla s’imprimer et s’enfoncer de violence dans le côté de la muraille opposée. Le mauvais temps obscurcissant alors tout crépuscule et