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LES AMAZONES,

Je dois d’un tel ſecours nous priver l’un & l’autre ;
Il terniroit mon nom : il ſoüilleroit le vôtre.
Le plus grand héroïſme eſt de garder ſon ſang.
Pour ſervir ſa patrie, & conſerver ſon rang.
Qui s’expoſe à perir cherchant loin la victoire,
Enleve à ſon païs un ſoutien de ſa gloire.
Cent fois me rappellant à cette vérité,
J’ai blâmé mon ardeur ; mais par l’age emporté,
Ennemi des Tyrans, vengeur de l’innocence,
De l’Univers ſurpris j’embraſſai la défenſe.
Cette ſoif des combats m’a conduit dans vos fers ;
Envain pour les briſer vos ſoins me ſont offerts.
Qu’on m’immole plutôt que j’approuve la fuite,
Où l’amour en Tyran vous eût enfin réduite.
Je dois ainſi répondre à vos ſoins généreux ;
Regnez ici, Madame.

ORITHIE.

Regnez ici, Madame. Ah ! je conçois tes vœux ;
Pour diriger tes pas tu cherches la Princeſſe.

THÉSÉE.

Pourquoi l’accuſez-vous de l’ennui qui vous preſſe ?

ORITHIE.

J’ai vû combien ta perte excite ſon effroi.