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TRAGEDIE.

Le ſoin de l’amitié ſçut jadis m’engager.
Tu ſçais que deſcendu juſqu’aux Royaumes ſombres,
Ma valeur triompha de Cerbère & des Ombres.
Et je revois le jour, ah ! cher Pirithoüs,
Je combattois pour toi, je vis, & tu n’es plus.
Idas, tu me tiens lieu de ce guerrier fidéle ;
Comme toi ſur ces bords il m’eût prouvé ſon zéle ;
Compagnon de ma gloire, & ſervant mes amours,
Pour enlever Hélène il m’offrit ſon ſecours.
Cette Beauté célébre à mon ardeur livrée
Alluma moins de feux dans mon ame enivrée,
Que la fiére Amazone au milieu des combats.
Près du Thrône en ce jour je l’ai revûe, Idas ;
Son rang n’ajoûte rien au pouvoir de ſes charmes ;
A ſon aſpect mon ſort ne m’offre plus d’alarmes ;
Près d’Antiope, ami, diſparoit la terreur.

IDAS.

Si je tremble en ces lieux, c’eſt pour vous ſeul, Seigneur.
Malgré quelques lauriers dont ma tête ſe pare,
Jamais de mes pareils le Ciel ne fut avare ;
Mais rarement il place au rang des Souverains
Des Héros tels que vous pour venger les humains.
Parmi tant de périls, où ce ſoin vous engage,