Confiante en ſa force, ignorant les contraintes,
Ses deſirs véhémens triomphent de ſes craintes ;
Et les réflexions d’un grand cœur amoureux
Autoriſent ſon choix & nourriſſent ſes feux.
O vous, dont l’âge tendre écoute la ſageſſe ;
Que mon malheur vous ſerve à craindre mon ivreſſe.
Ah ! je m’alarme envain, vos vertueux déſirs
Sont loin de s’abaiſſer à de honteux ſoupirs :
Les utiles leçons que je reçus d’un autre
Sortirent de mon cœur pour paſſer dans le vôtre :
Vous les gardez, Madame, & ce cœur abattu
Remit en vous ſa force & toute ſa vertu.
Un bien ſi précieux enrichit qui le donne.
L’ardeur que je reſſens prouve qu’il m’abandonne.
On ne peut éviter un premier mouvement ;
Mais le feu le plus vif s’éteint ſans aliment :
D’un amour ſans eſpoir vous vaincrez la puiſſance ;
Mais après ce triomphe, ah ! fuyez la vengeance ;
C’eſt avoüer ſes feux que d’en punir l’auteur ;
Accoutumez votre ame à braver ſon vainqueur ;