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(Réserve, Ye 389) porte après le mot Rome une virgule qui tire l’œil et ne se trouve pas dans l’exemplaire unique.

5° Que la lettre ornée D du feuillet 2 de ce recueil n’est pas la même dans les deux exemplaires.

Je passe sur les différences orthographiques du second tirage, différences nombreuses et dont quelques-unes sont assez suggestives[1].

Mais la différence capitale entre les exemplaires du premier et du second tirage, celle qui donne un caractère particulier et véritablement unique à l’exemplaire Ye 410, c’est que, entre les feuillets chiffrés 26 et 27, il est le seul, à ma connaissance, qui renferme un carton de 2 feuillets non chiffrés. Et ce carton contient précisément les huit sonnets — de CV à CXII — que M. Anatole de Montaiglon publia en 1849, d’après la copie trouvée l’année précédente par M. Paulin Paris dans un volume du fonds de Mesmes de la Bibliothèque Nationale.

On sait de reste que ce fut l’éditeur Isidore Liseux qui, le premier, publia en 1876, une édition complète des Regrets, d’après l’exemplaire unique ignoré de M. de Montaiglon.

Cette ignorance de l’érudit bibliographe est d’autant plus singulière, que l’exemplaire on question était à la Bibliothèque Nationale dès le dix-septième siècle, comme le prouvent les titres à l’encre de certains sonnets des Regrets, qui sont de la main même de Dupuy.

Que si le lecteur me demande l’explication des particularités de cet exemplaire, et notamment du carton qui en double le prix, je lui répondrai qu’à mon avis nous sommes en présence d’un tirage à petit nombre qui fut fait spécialement pour le roi et quelques personnes de l’intimité du poète ; — que le titre des Regrets, avec son sous-titre auquel nul n’a pris garde, l’absence du mot FIN et du privilège à la dernière page de ce recueil, indiquent suffisamment que, dans la pensée de Joachim, les Regrets, à l’origine, devaient avoir une suite ; — et que cette suite, logiquement, naturellement, devait être les Antiquitez.

Et, en effet, que signifie ce sous-titre des Regrets « Et autres œuvres poétiques »,[2] donné à un ouvrage dont on ne publie que la première partie ? Et puis, qu’est-ce que ce privilège imprimé derrière les Antiquitez où, contrairement à lusage, il n’est pas question de ce livre ?

Tout cela, en vérité, est au moins bizarre et fournit matière à diverses interprétations dont celle-ci, que j’ai vu soutenir par le marquis de Vil-

  1. Par exemple, dans le privilège général imprimé à la suite des Antiquitezéé, le nom de Joachim est écrit avec un n dans l’exemplaire Ye 410, et avec un m dans l’exemplaire Ye 389.
  2. Et qu’on ne me dise pas que les Jeux rustiques ont le même soustitre. Je répondrais qu’ici le sous-titre est amplement justifié par la diversité même du recueil.