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LES DEUX MARGUERITES

Sus ma Lyre, désormais
Chante plus doux que jamais,
L’une et l’autre Marguerite.
Ce sont les deux fleurs d’eslite,
Où il faut cueillir ce miel
Des chansons dignes du ciel.
Jadis les Dieux transformoyent
En astres ceux qu’ils aimoyent.
Et si les vers sont croyables,
Les campagnes pitoyables
Grosses de sang et de pleurs,
Enfantoyent les belles fleurs.
Le ciel qui donne ses loix
Sous le sceptre des Valois,
A mis au rang des planettes
Les plus ardentes et nettes
Tous les rameaux bien-heureux
De ce tige plantureux.
Là est l’honneur d’Angoumois
Charles, et le grand François,
François et Charles encores.
Deux feux qui esclairent ores
Tout ainsi que les flambeaux
Des frères, qui sont jumeaux.
Du sang que j’ay tant loué,
Qui des Dieux est avoué,
Deux belles fleurs sont venues
L’une vole sur les nues
Qui a le ciel esclairci.
Et l’autre florit ici.
Ce diamant que voila
Est frère de cestuy-la :
Ces roses s’appellent roses,
Ces deux fleurettes descloses.
Qui se ressemblent ainsi.
Ont un mesme nom aussi.