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Mais Israël en ses tentes se cache,
lilspouvanté d’un si lier adversaire.
O (disoit-il) fuyarde nation,
Nourrie au creux des antres plus sauvages,
Qui as laissé ton habitation
Pour labourer nos fertiles rivages,
Où est ce Dieu, où sont ces grands courages.
Dont tu marchois si superbement haute ?
Voici le bras vengeur de tant d’outrages,
Qui te fera rccognoistre ta faute.
je suis celuy, qui avec ces deux mains
Me ferav vove au céleste habitacle.
Lequel des Dieux, ou lequel des humains
Osera donc s’opposer pour obstacle ?
O sotte gent, qui pour un faux miracle.
Te vas paissant de ces vaincs merveilles :
Ce n’est pas moy, que la voix d’un oracle
Si doucement tire par les oreilles.
Où est celuy, qui bataillait pour toy.
Je dv celuy, qu’Israël tant honore ?
Que ne vient-il s’opposer contre moy,
Qui autre Dieu que ma force n’adore ?
Pauvre soldat, qui sur toy verras ore
D’un rouge lac ceste plaine arrousee,
Mieux te valust en tes desers encore
Vivoter d’eau, et de blanche rousee.
O gaillard peuple ! ô hardy belliqueur
Parmv les bois, ou sur quelque montagne !
Est-ce ton Dieu, ou bien faute de cœur,
Qui te deffend descendre à la campaigne !
Un cœur vaillant, que la force accompaigne.
En un rempart volontiers ne se fie.
Si quelqu’un donq’en la vertu se baigne.
Voici au camp celuy qui le desfie.
Comme en un parc, qui est environné
Du peuple oysif à quelque jour de feste,
Le fier taureau au combat ordonné
De çà de là va contournant sa teste :
Ce Philistin, qui au combat s’appreste,
Bravant ainsi de menaces terribles,
Faisoit flotter les plumes de sa creste,