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Jamais constant, et ferme ne se fonde,
Et nul ne peut suyvre d’un cours entier
De la vertu le pénible sentier.
Quel siècle encor’ ne porte tesmoignage,
Du Roy cogneu par le surnom de sage ?
Qui attrainant des plus barbares lieux
Lor et l’argent, et le bois précieux
Elaboura d’estoffe, et d’artifice,
Du temple sainct le superbe édifice.
Ce n’est ici, que descrire je veux
De ses vieux ans les impudiques feux.
De sa maison la grand’troppe lascive, « 
Sa vanité et sa pompe excessive,
Pour ses faux Dieux le vray Dieu mesprisé,
Et de son fils le sceptre divisé.
Je voy encor’ les campagnes humides
Rougir au sang de ces Abrahamides,
Peuple endurci entre tous les humains :
Qui adorant l’ouvrage de ses mains.
Parfume Bal d’encens, et sacrifice.
Peuples et Rois, apprenez la justice :
Et si de Dieu quelque peur vous ; avez
Dedans vos cœurs hardiment engravez
La mort d’Achap, et la serve couronne
De tant de rois captifs en Babylonne.
Mais toy, Seigneur, de qui le bras puissant
Decaptiva ton peuple languissant.
Si de bon cœur devant toy je lamente.
Romps le lien du mal, qui me tourmente
Ou mon esprit, pour de toy l’approcher,
Tire dehors la prison de la chair.
Je ne veux point par un autel de terre,
Encourtiné de vervaine, et d’hierre.
Par vers charmez, ni par prodigues vœus,
Mottes, encens, ou meurtre de cent bœufs,
De ma santé haster la course lente
Las, qui tant fut au partir violente.
Guaris, Seigneur, guaris moy du péché,
Dont le remède à tout autre est caché :
Alors mes vers, louant tes faicts louables
Te pourront estre offrandes aggreables.