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Multiplier le nombre de ses fils.
Plus qu’on ne voit d’estoiles flamboyantes,
Ou de sablon aux plaines verdoyantes.
Le peuple alors contrainct de se ranger
Dessous les loix du barbare estranger,
Vivoit captif, quand ta main favorable
Luy fit sentir ton pouvoir secourable.
Pendant le cours de l’onde rougissant.
Dont à pied sec ton peuple fut issant,
Et vit encore’ loin derrière sa fuite
Flotter sur l’eau l’Egyptienne suite.
Puis au milieu des travaux et dangers
Tu le guidas aux peuples estrangers
Par les déserts, où vingt et vingt années
Furent par toy ces bandes gouvernées.
Là ta pitié pour leur soif amortir.
Fit des rochers les fontaines sortir,
Et fit encor’ de ta main plantureuse
Nager sur eux la manne savoreuse.
Là fut sous toy Moyse ton’ami
Chef de ta gent, qui murmuroit parmi
Les longs erreurs de ce désert sauvage,
D’avoir laissé l’Egyptien rivage.
Là maintefois le cours de ta fureur
Se desbrida sur l’obstinée erreur.
De ces mutins, et les loix engravées
Se virent là mile fois dépravées.
O quantefois de ton grave sourci,
Tu abismas ce faux peuple endurci.
Qui mesprisant de son Dieu les louanges
Idolatroit après les Dieux estranges
Justice adoncq’ sur le péché naissant
Faisoit brandir son glaive punissant,
Et la pitié loin du ciel exilée
Erroit çà-bas triste, et dechevelée.
Finablement, ce peuple belliqueur
Guidé par toy, haussa le chef vainqueur
Sur mile Rois, et peuples que la guerre
Fit renverser horriblement par terre,
Ains que les tiens par sentiers incognus
Fussent aux champs plantureux parvenus,