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Mais (ô Seigneur) si tu ne tens
Les nerfs de ma harpe nouvelle,
C’est bien en vain que je prétens
D’accorder ton los dessus elle.
Que si tu veux luy prester l’aile,
Alors d’un vol audacieux,
Criant ta louange immortelle.
Je voleray jusques aux cieux.
Le lut je ne demande pas,
Dont les filles de la Mémoire
Après les Phlegreans combats
Sonneront des Dieux la victoire.
Désormais sur les bords de Loyre,
Imitant le sainct pouce Hebrieu,
Mes doigts fredonneront la gloire
De celuy qui est trois fois Dieu.


HYMNE CHRESTIEN

Seigneur Dieu, mon rempart, ma fiance
Repare moy du fort de patience
Contre l’effort du corps injurieux,
Qui veut forcer l’esprit victorieux.
L’ardeur du mal dont ma chair est attainte.
Me fait gémir d’une éterjielle plainte.
Moins pour l’ennuy de ne pouvoir guarir,
Que pour le mal de ne pouvoir mourir.
Certes, Seigneur, je sens bien que ma faute
Me rend coulpable à ta majesté haute :
Mais si de toy vers toy je n’oy secours.
Ailleurs en vain je cerche mon recours.
Car ta main seule invinciblement forte
Peut des enfers briser l’avare porte,
Et me tirer aux rayons du beau jour.
Qui luit au ciel ton éternel séjour.
Si je ne suis que vile pourriture
Tel que je suis, je suis ta créature
N’est-ce pas toy, dont la divine main
De vil bourbier, forma le corps humain
Pour y enter l’âme, que tu as feinte