Page:Du Bellay - Œuvres complètes, édition Séché, tome 2.djvu/140

Cette page n’a pas encore été corrigée

Aux rais de ton œil divin,
Son nectar nous assaisonne,
Nectar, tel comme le donne
Mon doux vignoble Angevin.
Chasse loin de nostre terre
La faim, la peste et la guerre.
Aux Turcs, ou plus loing encor’
Afin qu’en vostre province
Le règne d’un si bon Prince
R’ameine le siècle d’or.


DISCOURS SUR LA LOUANGE DE LA VERTU ET SUR LES DIVERSES ERREURS DES HOMMES

A SALM. MACRIN

Bien que ma Muse petite
Ce doux utile n’imite,
Qui si doctement escrit,
Ayant premier en la France
Contre la sage ignorance
Fait renaistre Democrit.
Pourtant, Macrin, ne te tasche
Si la bride un peu je lasche
Au soin qui l’esprit me rompt :
Et si pour t’aider à rire,
Jay entrepris de t’escrire,
Pour me desrider le front.
La félicité non fause,
Leschelle qui nous surhause
Par degrez jusques aux cieux,
N’est-ce pas la vertu seule,
Qui nous tire de la gueule
De l’Orque avaricieux.
L’homme vertueux est riche ;
Si sa terre tumbe en friche
Il en porte peu d’ennuy :
Car la plus grande richesse
Dont les Dieux luy font largesse,
Est toujours avecques luy.