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Qui brusient dedans le corps :
Metiez-moy ^’si bon vous semble}
Où la Dalienne assemble
Sa bande apprise au labeur,
A cri. à cor. et à suite
Pressant la légère fuite
Des cerfs ailez par la peur :
Mettez-moy où Cytherée
En la saison altérée
Sa jeune troppe conduit
Et sans craindre la froidure
Dessus i’humide verdure
Raie au serain de la nuict :
Mettez-moy là. où florissent
Les arbres, qui se nourrissent
Au beau séjour d’Alcinois,
Et là. où le riche automne
D’une main prodigue donne
L’honneur du front d’Achelois ;
Mettez-moy. où plus abonde
Tout ce que plus en ce monde
Contente l’humain désir :
■ Si ne pourray-je en tel aise
Trouver plaisir, qui me plaise.
Que l’obstiné desplaisir.
Helas, pourquoy tant s’augmentent
Les malheurs, qui me tourmentent
Désespéré d’avoir mieux ?
Ou pourquoy à les accroîstre.
Par trop les vouloir cognoistre,
Suis-je tant ingénieux ?
Heureux, qui a par augures
Preveu les choses obscures :
Et trop plus heureux encor’,
En qui des Dieux la largesse
A respandu la sagesse
Des cieux le plus beau thresor.
Combien (si nous estions sages)
Se demonstrent de présages.
Avant-coureurs de nos maux ?
Soit par injure céleste.