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sûre au moins ? J’ai peur que vous ne soyez dupe vous-même d’une attraction passagère : le danger…, l’émotion…

— Non, ne doutez pas, Georges. Il me semble que je vous attendais depuis longtemps. J’aime le courage, le caractère… je n’aurais jamais pu lier ma vie à celle d’un homme quelconque, à la nature falote, au tempérament bourgeois. On avait pensé pour moi à un agent de change, j’ai ri au nez de mes parents… J’avais fait une foule de rêves, entrevu une vie de voyages et d’aventures extraordinaires, un mari n’ayant peur de rien… et voilà qu’avec vous tout cela se réalise d’une façon inouïe, dépassant tout ce que mon imagination avait pu supposer des fiançailles comme celles-là ! des fiançailles conclues par ma seule volonté, un tête-à-tête dans l’espace, un voyage comme on n’en trouve que dans Jules Verne… S’ils se doutaient de tout cela, à Andevanne !…

— Que diraient-ils ?

— Je ne sais, mais si nous en revenons, ils diront comme moi. D’abord, ils m’aiment… et puis, il le faudra bien, fit-elle d’un petit air décidé.

— Et votre cousin d’Hellouville ?…

— Oh ! celui-là !…

Elle fit un geste qui le jetait par-dessus bord, délibérément, et se rapprochant :

— Voyez-vous, Georges, je ne comprends pas l’amour de deux êtres sans que des dangers communs, des épreuves, de vraies épreuves, leur aient montré