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serons au Pôle, insista mistress Elliot avant de se retirer.

— Je n’ose l’espérer, madame, fit le lieutenant du génie ; ce serait trop beau…

À huit heures, l’Américain vint relever Georges Durtal :

— Voici mon heure de quart, fit-il ; il vous faut prendre du repos, commandant. Qui sait ce qui nous attend dans quelques heures d’ici ? S’il arrive quoi que ce soit, vous le savez bien, nous ne pourrons compter que sur vous. En présence d’un ouragan, par exemple, vous seul saurez s’il faut fuir ou tenir tête : vous aurez besoin de toutes vos forces.

— J’aurais voulu attendre la banquise…

— Elle peut être encore loin.

— C’est vrai. Je vais donc essayer de dormir quelques heures, mais je ne m’y déciderai, fit-il en se tournant vers Christiane, que quand je vous aurai vue rejoindre mistress Elliot sous la tente et prendre vous-même du repos.

— Je le veux bien, dit-elle, mais à la condition qu’en reprenant votre quart, vous me réveillerez…

— Pourquoi vous priver de sommeil ?

— Je veux être à vos côtés pendant ces dernières heures… C’est un moment solennel, Georges.

— Moi, Christiane, je crains bien que le bonheur ne m’empêche de dormir…

— Il le faut pourtant, pour être vaillant demain…

À deux heures du matin, n’est-ce pas ? vous me réveillerez, c’est promis ?