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Partis du 70°, nous sommes donc à moitié chemin. Mesdames, nous n’avons plus que 1.100 kilomètres à faire.

Une dépêche enthousiaste fut rédigée à l’adresse de l’Étoile-Polaire pour être transmise à New-York par l’une des stations de T. S. F. de la côte norvégienne, Tromsöe ou Bergen.

La réponse arriva aussitôt ponctuée de hurrah et c’était véritablement un réconfort de toutes les heures que ce lien invisible qui rattachait à leur foyer flottant ces explorateurs de l’air.

Le savant marqua sur son carnet :

6 heures du soir : température -70°.

Le froid en effet était venu, aggravé encore par la vitesse propre de l’aérostat. Dans la tente réservée aux deux femmes, le fourneau à pétrole fut allumé ; les sacs de couchage furent disposés pour la nuit. Déjà Boh Midy, après un copieux dîner, ronflait outrageusement dans le sien, au fond de la nacelle.

Devant le Patrie, la mer s’étendait à perte de vue, libre encore sous la caresse du soleil permanent. Derrière elle, les Alpes du Spitzberg s’abaissaient. Elles étaient les dernières bornes du continent connu. Maintenant c’était l’envolée hardie sur la mer déserte, froide mer d’argent, déjà semée, ici et là, d’icebergs scintillants, et où l’œil cherchait en vain la silhouette aiguë d’une voile.

Plus haut encore, c’est la banquise. c’était le mystère !

— Alors, si Dieu le permet, demain matin, nous