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polaires ont été les premières à se refroidir, à permettre l’assiette de la croûte géologique, donc à servir de lieu de production pour les êtres organisés. Or, la science nous dit que ces êtres, rudimentaires d’abord, sont devenus plus complexes et corrélatifs à chaque assise terrestre… Concluez vous-même.

Et comme nul ne concluait, faute sans doute de comprendre, il éclata soudain :

— C’est donc au Pôle que s’est d’abord manifestée cette entité sacrée qui s’appelle la Vie. C’est là que nous trouverons les vestiges des premiers hommes ! Ah ! messieurs, quel horizon !…

— Voilà une hypothèse que je n’aurais jamais osé me permettre, fit sir James en riant : retrouver là-bas le squelette d’Adam !…

— Et moi, ce n’est pas comme cela que je m’imaginais le Paradis terrestre, fit Christiane, en montrant le paysage aride et sauvage qui, de nouveau, défilait sous leurs pieds.

Ce fut une douche jetée sur l’enthousiasme du savant, et il se rassit, en jetant sur ses deux interlocuteurs un regard d’incommensurable pitié.

— Maître, fit Georges Durtal — et ce terme respectueux reconquit le savant, — voici, je crois, Wertegen Hook, et c’est là que nous quittons les dernières terres connues… Le point s’impose.

Une courte observation, une lecture sur le limbe vertical, et sir Julius Petersen proclama lentement avec solennité :

— Nous venons de franchir le 80° degré de 2′ et 3″.