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Interloqué, le Yanke ne répondit point.

Ce fut mistress Elliot qui déclara :

— Si Dieu nous accorde cette grâce sans précédent d’atteindre le Pôle, le drapeau américain et le drapeau français devront y flotter côte à côte, au même titre. N’est-ce pas votre avis, miss ?

— Pourtant, fit Christiane, le monde entier saura que le Patrie est un ballon français !

— Laissons cela, clama l’Américain, et qu’on apporte deux bouteilles d’extra-dry pour fêter cette nouvelle entende cordiale. À partir d’aujourd’hui, monsieur l’Officier, vous êtes le commandant de l’expédition et je ne vous donne plus d’autre titre. Entendons-nous : quand nous serons dans les airs, vous serez le maître, mais quand, pour une raison ou une autre, nous serons ramenés à terre ou sur mer, je reprendrai le commandement de l’expédition. Est-ce convenu ?

Si bizarre que fût la convention, Georges Durtal acquiesça en riant. Tout son bonheur à lui était ailleurs, et à cette heure, il se demandait s’il ne rêvait point et si c’était bien à lui que l’adorable jeune fille avait dit, le ciel dans les yeux : « Voulez-vous être l’élu ? »

Quelques instants après, une animation extraordinaire secouait tout le personnel de l’Étoile-Polaire.