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la guerre d’acquitter la dette de reconnaissance contractée par le pays envers l’un de ses officiers les plus intrépides.

— Il n’y a que ces nègres du diable pour avoir la vie aussi dure, dit l’Américain au jeune officier au sortir du Conseil de guerre ; un honnête blanc n’en serait jamais revenu.

— Puisque Bob arrive ici avec le ballon, il faut nous le laisser, dit Christiane ; nous le garderons à Andevanne. Georges, qui l’a repêché, deviendra l’ « excellent maître » ; c’est bien son tour…

— Vous ne connaissez pas les nègres, madame. L’ « excellent maître », ce sera toujours moi qui l’ai jeté à l’eau. Cette race n’apprécie que la main qui tient le fouet. Vous en verrez de toutes les couleurs avec ce diable de Bob. Mais mistress Elliot et moi vous l’abandonnons bien volontiers.

Mais il faut que votre mari m’accorde une compensation, en obtenant de l’ingénieur Julliot qu’il vienne sans retard me construire là-bas un dirigeable, le Pôle-Nord. Je comptais absolument sur lui et à mon grand étonnement…

— Il a refusé vos offres ?…

— Vous le saviez ?

— Je le tiens de lui-même.

— Je lui avais fait un pont d’or. Il préfère rester, me dit-il, dans les ateliers Lebaudy, où il a conçu ses premiers travaux et où il a tout ce qu’il faut pour perfectionner son œuvre. Vos compatriotes ne sont décidément que des sentimentaux.