Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dehors Strindberg, qui était de garde sur le toit de la nacelle, et a fait sauter les soupapes.

Le ballon se vide et, à coups de hache, les aéronautes coupent les câbles qui le rattachent à la nacelle… L’Aigle disparaît par-dessus la falaise, et Andrée écrit :

4 juillet. « Nous avons passé de lugubres heures à rechercher notre malheureux ami : il a dû être tué raide en tombant. Il nous précède devant le Tribunal de Dieu…

« Nous sommes perdus.

« Nul ne viendra nous chercher aux environs du 89e degré, latitude où j’estime que nous venons de tomber ; nul, par conséquent, ne saura que nous y sommes parvenus, car je ne compte pas sur nos deux derniers pigeons voyageurs partis tout à l’heure. Ils ont dû tomber près d’ici, sous l’avalanche de neige qui nous a à demi ensevelis

« Sans l’abri de la falaise, c’était aujourd’hui notre dernier jour.

« Nous allons y creuser notre tombeau. »

Deux jours après :

6 juillet. « Nous avons de nouveau exploré les environs, crié, tiré des coups de feu pour retrouver Strindberg, mais en vain. Maintenant, la neige qui tombe en abondance a recouvert son corps : que Dieu ait son âme et puisse-t-il, nous précé-