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Sur l’un des trapèzes destinés à amortir le choc aux atterrissages, sir James assis et que sa position empêchait de tourner la tête, appelait Cornelia qui ne répondait plus.

L’enveloppe du Patrie pointait maintenant vers le ciel son avant en forme de bec ; elle montait obliquement avec une rapidité de météore, et pourtant, si grande que fût sa vitesse ascensionnelle, celle du vent était plus grande encore, et l’immense muraille se dressa soudain devant elle, avant qu’elle en eût atteint le sommet.

Le choc était inévitable et une affreuse angoisse s’empara de Georges Durtal.

Depuis un instant, il était hanté par la terreur de voir l’échelle se rompre sous le poids de la grappe humaine qui l’encombrait.

Or, inévitablement, cette rupture allait suivre le choc, et en admettant même que l’échelle tint bon, les deux femmes ne lâcheraient-elles pas prises sous l’action du terrible à-coup qui allait se produire et du rebondissement qui secouerait tout l’aérostat ?…

Il jeta vers elles la phrase si souvent redite depuis le départ « Tenez-vous bien ! » et n’eut pas le temps de la répéter, car au même moment la rencontre se produisit.

Par bonheur, elle n’eut pas lieu normalement : à la hauteur de 6 à 700 mètres à laquelle le ballon était arrivé déjà, la falaise n’était plus verticale et sa pente, combinée avec la poussée ascensionnelle du Patrie, atténua l’abordage.