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— Non, sir James, affirma énergiquement le jeune homme, le maître du Patrie, c’est moi, et je le serai jusqu’à la dernière minute. Voici la corde de déchirure, je vous la confie… dès que vous aurez franchi la falaise, tirez un coup sec pour la faire sauter hors de l’anneau à ressort où elle passe, là, à l’avant. Il faut pour cela un effort de 40 kilogrammes, je vous en préviens…

Et, à son tour, Georges Durtal jeta à la mer une ceinture assez lourde qu’il portait sous son jersey de laine.

— Attendez, fit l’Américain secouant la tête. Notre sacrifice sera inutile, le ballon est trop dégonflé et surtout… c’est trop haut ! voyez donc !

La falaise en effet se dressait maintenant abrupte, formidable. Sa hauteur n’était pas inférieure à 1,000 mètres et les vagues, lancées à l’assaut de sa masse, lui faisaient a la base une collerette d’écume.

C’était une véritable chaîne de montagnes, dont la dernière assise tombait a pic sur la mer.

Rien dans ce que l’Américain savait de la nature des côtes sibériennes ne ressemblait à ce massif montagneux qui s’étendait dans l’Est et l’Ouest à perte de vue.

Ce n’était donc pas la le continent asiatique.

Mais l’heure n’était pas à l’examen de la carte.

Le ballon n’était plus qu’à trois ou quatre milles du redoutable obstacle. Bientôt il ne serait plus temps de prendre un parti…